Les personnes natives de beaucoup de pays croient qu'ils peuvent communiquer directement avec des esprits ancestraux, souvent représentés sous forme d'animaux magiques qui possèdent les traits d'espèces distinctes telles qu'oppossums, lézards, et chouettes. La possibilité de communication interespèce, maintenant reconnue par certains scientifiques, semble avoir été depuis longtemps une réalité pour beaucoup d'indigènes.

Pour les Aborigènes, l'homme et le monde sont venus à l'existence dans le Temps du Rêve, Dreamtime, le Commencement - l'époque mythique que l'ethnie Aranda appelle Alcheringa et l'ethnie Warlpiri, Jukurrpa - par l'action des Êtres-Créateurs primordiaux. Mais Dreamtime n'est pas seulement l'aube des temps : Dreamtime est permanent, il coexiste avec le moment présent. En réalité, Dreamtime est une dimension parallèle au temps et à l'espace concrets des hommes et il est atteignable à tout moment à travers le rêve de l'initié ou du chaman (mais aussi de celui, quel qu'il soit, qui y parvient de façon spontanée). Dreamtime existe, ici et maintenant, sur un autre plan, dans une autre réalité, et il a une action sur le monde et la vie des hommes. En effet, d'une certaine manière, les Êtres-Créateurs primordiaux, après avoir fait de la Terre ce qu'elle est, se sont assoupis. Et c'est par leurs rêves qu'ils continuent à agir sur le monde contemporain, le reconnectant à la mémoire et à la connaissance totales, le transformant, l'informant, le renouvelant. Dreamtime, c'est aussi leur rêve constant auquel les hommes ont accès par leurs propres rêves.

Le rêve est là également vu comme le lieu de la complétude de l'être humain. En effet, pour certaines ethnies aborigènes, l'homme a deux esprits, le mipi et le ngorntal. Il naît avec ces deux esprits, mais le ngorntal le quitte au moment de la suture de la fontanelle. Pendant toute la vie, ce n'est que dans le rêve que le mipi peut rejoindre le ngorntal et ce n'est que par cette réunion que l'accès à Dreamtime est rendu possible (la réunion définitive des deux esprits s'opère à nouveau à la mort). Ainsi, l'être humain dans son vécu quotidien - son ECO - est, pour les Aborigènes australiens, en état de séparation, il est incomplet.

Dans certaines parties de l'Australie, le rêve est considéré comme le moyen de communiquer avec les âmes des morts. Celles-ci ont la capacité d'emmener le rêveur au ciel pour l'y initier et, au réveil, celui-ci devient Birark, un chaman. Avec cette initiation en rêve, il a reçu l'aptitude à entrer en transe en état de veille pour communiquer avec Dreaming et en rapporter des chants, des danses, des rites.

Source : Zunyan Society